Euclid l’énergie sombre

Euclid l’énergie sombre

Date / Heure : 30 novembre 2018 (21 h 00 min - 23 h 00 min)

Emplacement : SAP


« Euclid et la quête de l’énergie sombre »

Conférenciers:
Anna MANGILLI (IRAP) – Chercheuse Postdoc à l’Institut de Recherche en Astrophysique et Planétologie (IRAP, Toulouse)
Rodolphe CLEDASSOU (CNES) – Chef de Projet Euclid (CNES, Toulouse)

En 1998, deux équipes scientifiques internationales travaillant sur des données indépendantes, annoncèrent que les observations des courbes de lumière de supernovæ révèlent que l’expansion de l’Univers s’accélère. Cette énorme découverte accueillie avec surprise et scepticisme par la communauté scientifique ne semble plus faire aucun doute aujourd’hui. Toutes les nouvelles observations en ce sens concordent et convergent vers la même conclusion : l’expansion s’accélère et ce constat soulève un problème.
En effet, si notre compréhension de l’Univers est correcte, alors ce qui le décrit, c’est son contenu en matière-énergie et son évolution doit être conforme aux lois et aux interactions fondamentales de la nature. Or, il est possible de raconter l’histoire cosmique de l’expansion en faisant principalement appel à la gravitation décrite selon la théorie de la relativité générale d’Einstein. On décrit alors l’évolution d’un Univers dont le contenu est majoritairement de la matière noire. Mais si l’expansion s’accélère, alors ceci n’est plus possible : soit la relativité générale n’est plus valide pour décrire la gravitation aux échelles cosmologiques, soit il existe une interaction fondamentale dont la nature nous est inconnue et qui s’oppose à la gravitation pour engendrer la phase d’accélération de l’expansion observée aujourd’hui.

En 2011 l’Agence Spatiale Européenne (ESA) a sélectionné une mission spatiale, Euclid, pour comprendre l’origine de l’accélération de l’expansion de l’Univers. En 2022, elle lancera une fusée Soyouz depuis la base de Kourou en Guyane Française, embarquant un télescope spatial doté de deux instruments scientifiques. Le premier est un imageur grand champ observant dans le domaine visible. Il est spécifiquement conçu pour mesurer la déformation des galaxies sous les effets de lentille gravitationnelle induits par le cisaillement cosmique à toutes les échelles depuis les galaxies jusqu’aux plus grands filaments. Le second est un spectrophotomètre observant dans le domaine infrarouge proche qui fournira les spectres de plusieurs dizaines de millions de galaxies, pour déterminer leur redshift, ainsi que la photométrie infrarouge de plusieurs milliards de galaxies. Les données spectroscopiques serviront à mesurer et caractériser les oscillations acoustiques des baryons et les effets de distorsion espace-redshift. Grace à ces mesures, Euclid permettra de sonder la nature de l’énergie sombre avec une précision sans précédent et, peut-être, révolutionnera la compréhension de notre Univers.